Lundi 30 novembre 1 30 /11 /Nov 15:18

« Pose ta main là, et monte dans le coffre »
Je m’exécute en repliant difficilement mes jambes et ma tête vient se poser contre le passage de roue, puis je sens qu’on jette une couverture sur moi. Dans le noir complet, un loup de cuir sur les yeux j’entends le coffre se refermer d’un coup sec. Des bruits de pas… une portière qui s’ouvre et qui se referme… le moteur vrombit et la voiture se met en branle. La descente du trottoir lance ma tète contre le métal froid.
Je me place tant bien que mal tout en écoutant les bruits alentours. Je file vers l’inconnu dans la nuit froide de novembre, un nœud à l’estomac.


2 Heures plus tôt, je recevais un SMS avec ces instructions.
«  Tu te placeras sur ton tapis assis en tailleur. Tu auras mis ton haut en latex et tes poignets, tout en ôtant ton pantalon et tes chaussettes. Ton collier et ta laisse seront devant toi attendant que je te les pose.
J’ai placé un loup de cuir sur la table de salon que tu mettras en arrivant. »
Arrivé sur les lieux je me dépêche de réaliser les ordres demandés, tout en prenant l’initiative de mettre un fond musical.
Assis en tailleur, dans le noir du cuir, j’attends l’arrivée de Madame. Hôtel Costes Volume 5 m’accompagne dans ma solitude pesante.
5 minutes, puis 10 ou encore 20. Je perds la notion du temps et projette mon esprit sur des envies, des projets, des angoisses. Qu’a-t-elle prévue ? Qu’allons-nous faire ?
Lorsque la porte d’entrée vient à se refermer, je me ressaisis et prend une position droite afin qu’elle soit fière de moi.
Elle entre et vient à poser des achats sur la grande table, puis s’approche de moi. Elle me caresse la nuque en m’offrant un bonjour que je m’empresse de lui rendre.
Ses mains douces viennent positionner le collier autour de mon cou, que j’offre ouvertement afin de l’aider à le placer. Le cliquetis du mousqueton m’informe que la laisse est également à sa place.
« Comment vas-tu ? » me demande-t-elle ?
La conversation s’engage alors de façon conviviale et nous échangeons sur nos points communs et sur les dernières nouvelles. Elle amène de quoi boire et manger et m’aide à me sustenter alors que l’obscurité du cuir est toujours ma compagne.
«  Tu peux boire manger et fumer jusqu'à 19h30 environ alors profite en ! Ensuite je ne sais pas si tu seras en mesure de le faire ». Cette phrase simple lancée dans la conversation me fige quelque peu et je recommence à cogiter fortement. Agréant les conditions évoquées j’en profite alors pour picorer quelques chips qu’elle mène dans ma bouche tout en rigolant.
«  As-tu des questions ? »
Je lui ai donné la Clef, je sais donc que quoi qu’elle ait décidé j’obéirai. Oh je sais bien que certains de ses choix seront parfois difficiles à supporter mais c’est le contrat que nous avons passé. J’essaye donc d’imaginer quelles sont ses envies ce soir : De quoi m’a-t-elle parlé récemment ? Y a-t-il des éléments dans ses derniers actes qui seraient à même de m’apporter des indices ? Rien ne me vient à l’esprit si ce n’est sa volonté un jour de jouer avec ses aiguilles. Si c’est le cas ce soir alors je verrais bien pendant ce qui se passe.
« Euh non Madame, je n’en ai pas pour le moment ».
Moments de tendresse et de complicité ou nous échangeons sur tout et rien comme nous pouvons le faire si fréquemment. Elle, assise dans le canapé laissant frôler ses pieds et ses mains sur mon corps. Moi, à ses pieds répondant à ses stimuli par des « Ouaf » évocateur.
«  Tu te souviens de la règle Numéro 4 ? »
Nouvelle Bombe lancée sans ultimatum, qui ravage le socle de mes pensées.
Bien que faite sous l’égide de l’amusement, ces 4 règles sont cependant bien établies et à respecter.
Règle numéro 1 : Madame a toujours raison.
Règle numéro 2 : si Madame à tors, se référer à la règle numero1
Règle numéro 3 : Madame n’est jamais de mauvaise foi.
Et enfin la règle numéro 4 que je n’arrive jamais à énoncer dans les termes exactes formulées par Madame mais dont je connais le sens général :
A qui je te donnerai, Comme à moi tu obéiras.
«  Oui Madame je connais le sens de la règle »  mais pourquoi Maintenant ? Quelqu’un vient ? Nous sortons ? Panique à bord !! Le stress reprend ses droits ? Qui ça ? Ou ça ? Comment ça ?
« Tu sors… à 19h30 on vient te chercher pour la soirée. Je veux que tu sois irréprochable. Tu feras tout ce qu’on te dira dans la limite de ce que tu peux accepter. Si un problème survient, tu pourras dire stop, mais je veux être fière de toi en toute circonstance ! »
La cigarette que j’avais en bouche se met à irradier une lumière intense tellement j’aspire dessus. Elle m’en avait déjà parlé, mais je ne pensais pas qu’elle mettrait ce choix si vite en application.
«  As-tu des questions ? »
Evidemment que j’en ai !!! Une flopée, elles se bousculent sur mon palais pour faire bouger ma langue, jouant des coudes pour passer  les unes avant les autres. Mais une surtout arrive à s’imposer.
Tout en déglutissant, j’arrive à la poser.
«  Oui Madame, qui est ce ? »
Je devine son sourire et elle me répond «  autre question ? »
«  Madame !!! S’il vous plait ? Je la connais ? Est-elle belge ? Française ? Ou m’emmène-t-elle ? »
«  Tu verras bien !! Et pourquoi Elle ? Qui te dit que c’est une femme ? »
Ma bouche reste ouverte et les questions qui se faisaient si pressante repartent vers le fond de mon cerveau dépité.
«  Mais.. Madame..Je.. »
«  Allez ça suffit, calme toi. Et dis-moi ou tu as posé tes vêtements que je puisse te les redonner au moment voulu. De Plus elle va bientôt arriver. »
« ..su..sur la chaise Madame. » Au même moment la sonnerie retentit.
«  Ne bouge pas. Je vais ouvrir »
Je reprends une position plus adéquate, en tailleur la tête vers le bas et j’attends sur mon tapis ne sachant pas quoi penser de ce qui m’attends. »
Le bruit de talon sur le carrelage du couloir me soulage quelque peu, c’est bien une femme me dis-je.
« Bien. Habille-toi maintenant. Remet ton pantalon, tes chaussettes, tes chaussures et ton gilet au dessus de ton top latex. Je t’aiderai si besoin mais n’ôte pas ton loup. »
Tant bien que mal j’arrive à négocier l’habillage avec l’aide de Madame et je me retrouve prêt à sortir. Madame m’enfile alors ma veste de cuir et me demande : «  Ou es ton téléphone ? »
« Dans ma veste Madame. »
«  Bien, tu as tout ce qu’il faut alors. Prends ma main et laisse-toi guider. Je te souhaite une bonne soirée. A tout à l’heure »

Aveugle temporaire, j’étends mes autres sens afin de déterminer ou nous allons. Au bout de la rue nous tournons sur la droite, puis la voiture accélère pour arriver sur un rond point.
Troisième sortie. Je ballote dans le coffre quand l’autoradio vient à donner de la voix par le biais d’un groupe finlandais. Une chanson en moyenne dure 5 minutes, si j’arrive à compter celles qui passent j’arriverai certainement à découvrir notre destination.
Des pavés, puis une accélération forte. Un bruit de roue qui m’indique de la vitesse, nous avons donc prit une voie rapide ou une autoroute.
Troisième chanson : une quinzaine de minutes.
La voiture serpente : si j’ai bien deviné elle devrait pencher à gauche puis ensuite avoir une longue période de ligne droite, ce qu’elle fait effectivement.
Quatrième chanson : une vingtaine  de minutes.
Sortie très brève sur la droite et un feu. Un soupçon.
Démarrage.. tout droit puis quelques bosses, large virage à gauche puis une ligne droite qui semble descendre et rapidement remonter.
Si je ne me suis pas trompé nous sommes à Lille pas loin du quartier des Gares.
A suivre...

 

Par valerian - Publié dans : vecu
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