D’abord ronde la perle d’eau s’allongea puis se désolidarisa de son support pour sembler flotter dans les airs.
Touchant l’obstacle de son front elle explosa en une multitude de filles, tintant de son bruit aquatique. Alors que sa jumelle se formait sur le
plafond en brique de cette cave ancienne, elle ouvra un œil et sortit d'un sommeil provoqué.
Sa tête était lourde et sa vison brouillée mais le sens qui se mit le premier en action fut son odorat. Une odeur acre, humide mélangée à une autre
qu’elle n’arrivait pas à découvrir. Rapidement l’ouïe prit le relais en lui révelant des bruits sourds, étouffés tels les gouttes qui continuaient à glisser du plafond jusqu'à son
corps.
Son cerveau en ébullition tentait de lui dire que quelque chose n’était pas normal ; Qu’elle aurait du être mouillée, qu’elle aurait du sentir l’eau
sur sa peau. Sa peau… elle ne sentait pas l’air non plus, ni les frottements de ses vêtements. Et pourquoi ses mains se trouvaient elles au niveau de son visage ? Quel était ce bruit métallique
qui répondait à ses timides tentatives de mouvements.
Elle voulut déglutir, mais sa langue s’arrêta sur un objet dur et rond qui envahissait sa gorge.
Réveillée d’un coup, elle ouvrit grand les yeux pour s’apercevoir que la vue qui s’offrait à elle était flou et gênée par une plaque de
plastique.
Au même moment, toutes les informations perdues dans les méandres de son esprit s’allumèrent. Elle ne sentait pas l’eau lui tomber sur le front car
elle avait un masque souple sur la tête.
Elle ne ressentait pas l’air sur sa peau car elle avait cette matière souple sur tout le corps.
Ses mains étaient à coté de son visage car elles étaient attachées à une chaine en métal qu’elle pouvait sentir même si ses doigts étaient eux aussi
recouvert de cette matière.
Elle voulut crier mais seul un faible gémissement sortit de ses cordes vocales.
Elle tenta de bouger et découvrit avec effroi que ses chevilles étaient liées par une chaine en métal, de plus son équilibre était précaire de par
les hauts talons qu’on lui avait mis aux pieds.
Ce petit mouvement, lui permit aussi de découvrir avec indignation les deux membres qui étaient fichés en elle.
Elle put également appréhender le long de ses cuisses un appareillage fait de tuyaux souples qui semblait aller vers le sol pour l’un et vers une
étrange poche fixée sur une des jambes pour l’autre.
Elle se débâtit vivement, faisant trembler vivement les chaines et rompant le silence de cathédrale de la cave, mais rien n’y fait. Elle était
attachée, prisonnière dans cette étrange matière.
Un nœud se forma dans son ventre. Ou était-elle ? Pourquoi ? Comment ? La panique céda la place à la découverte, la peur aux sensations.
Elle cria, pesta, rua autour des chaines. Une hystérie incontrôlable se saisit de son être lorsqu’elle comprit l’inefficacité de ses actions
primales, et son impuissance totale.
Abattue, effrayée elle se laissa pendre sur ses chaînes, tentant de réfléchir à son sort et aux possibles solutions de fuite.
La voiture filait à vive allure sur les routes secondaires du Hainaut. Elle avait un rendez vous important et cette saleté de neige combiné à ce
camion imprudent l’avait bloqué des heures sur l’autoroute.
Elle avait réussi à sortir de celui-ci et faisait maintenant confiance à son GPS pour l’amener à bon port. Elle ne pouvait pas se permettre de
perdre cette vente. La crise ayant vidé les assises de sa société; si elle ne signait pas aujourd’hui elle pouvait dire adieu à sa vie actuelle et embrasser une carrière de
chômeuse.
Un coup d’œil sur le fauteuil du passager la rassura. Ses dossiers étaient bien préparés et pour s’assurer des chances supplémentaires elle
s’était mise en mode sexy. De taille moyenne, avec de petits mais beaux seins ronds, des hanches bien féminines et des jambes fines, elle savait plaire à la gent masculine. Pour complémenter les
cadeaux de Dame nature, elle s’était autorisée un tailleur strict de couleur noir et un chemisier blanc déboutonné jusqu'à la naissance de sa poitrine. Des collants fantaisies aux jarretières
exposées ainsi qu’une paire de chaussure à talon viendrait, elle en était certaine au bout des moindres résistances de son futur client.
Elle sourit en pensant à ce dernier, s’il la voyait pour le moment. Elle avait troqué ses talons pour de bonnes vielles baskets plus propice à
la conduite. Telle les Newyorkaise, elle poserait ses armes de séductions massives en arrivant sur place.
L’Auto radio débitait quelques tubes des années 80 qui lui rappelaient sa jeunesse. Du haut des ses 40 ans, elle se sentait reine du monde bien
que son divorce lui ai laissé un gout amer, comme l’exception qui confirme la règle dans sa vie bien menée. Des enfants peut-être ? Non ce n’était pas son truc, elle laissait cela aux
autres.
La neige continuait de plus belle ses attaques et grossissait ses flocons de façon éhontée.
Alors qu’elle se rapprochait de son pare-brise pour tenter d’y voir un peu plus clair, un mouvement sur le bas coté, fugace lui fit tourner la
tête.
Une ombre ? Un homme ? Un fantôme grisâtre ? Juste le temps de l’apercevoir puis plus rien.
Les yeux qui reviennent sur la route…
Le virage…
Le coup de frein..
La voiture qui glisse….
Un bruit non loin. Des pas. Qui vient ? On l’a découvert ? La police ??
Elle tente de crier, remue sur elle-même.
- « Aidez-moi !! Je vous en supplie, aidez moi » pense t’elle lancer dans son bâillon mais seuls des bruits informes et grognant transpercent ce
dernier.
- « Bien ! Elle est consciente. Cela sera plus facile pour nous frère Jérôme» dit la voix profonde d’un homme.
- « Effectivement, frère Mickael. Cela nous évite une tache désagréable. Vous voyez ? Lorsqu’elle crie ou gigote réalisant la situation
fâcheuse dans laquelle elles sont. Heureusement que cela ne dure pas longtemps. » Dit la voix d’un deuxième homme.
-« Oh oui, vous avez raison. Souvenez-vous de numéro 23 !! Quelle furie celle là ! »
Si elle avait pu, elle aurait eu la bouche ouverte de stupéfaction. Non seulement il ne l’aidait pas mais au contraire semblait-il officier dans cet
odieux enlèvement. Elle cria, hurla dans son bâillon.
Elle sentit de puissantes mains palper ses seins et son entrejambe, ravivant le souvenir des monstres présents en elle.
-« Ah nous avons une crieuse. Il faudra le noter sur sa fiche de suivi, frère Jérôme. Allez calme toi numéro 25 ! Oui c’est ton nom ici et je
pense que ce sera ton nom pour le restant de tes jours tu sais ? Je vais être simple et honnête avec toi. Au plus tu te laisseras faire au plus ce sera facile pour toi, ou devrais je dire, un peu
moins désagréable. As-tu compris ? »
Un fou, elle était tombée dans une maison de fou. Elle rua sur ses chaines en criant « libérez-moi !!! Tout de suite. Au secours
!!»
L’homme la saisit par la taille et lui dit :
-« Voyons, voyons numéro 25 un peu de calme. Au plus vite tu accepteras, au mieux ce sera pour toi. Bon maintenant, Il a demandé à ce que tu sois
nettoyé convenablement. Alors fais attention. Ça va te faire un peu mal au début mais ensuite tu t’y habitueras.
Frère Jérôme ? Activez l’appareillage s’il vous plait. »
-« Bien frère Mickael. Je mets en route. »
Elle entendit alors un vrombissement qui se propagea jusqu’au mors qui était dans sa bouche. Entre ses dents elle sentit couler un liquide visqueux
qui continua son chemin vers sa gorge. Elle ne pouvait que l’avaler et à vrai dire ce liquide au gout sucré allait lui remplir l’estomac qu’elle sentait vide depuis quelques temps.
Etait ce ça qui devait lui faire mal ? Elle ne comprenait rien au discours des frères fous. Que voulaient-ils d’elle ? Pourquoi le terme nettoyer
avait il était dit avec une intonation spéciale ?
Le vrombissement s’arrêta aussi vite qu’il avait commencé pour réapparaître plus bas. Elle ouvrit grand les yeux dans son masque quand elle sentit
l’intrus arrière lui déverser un liquide chaud dans les intestins.
Elle sentait le volume augmenter et la progression du liquide. Au même moment son estomac se mis à gargouiller et elle eu des crampes
terribles.
Plié en deux, les bras en angle droit au dessus de son dos, elle réalisa l’horreur de la machine qui s’occupait d’elle. Puis, Inversant son
diabolisme le tuyau arrière se mit alors à aspirer ce qu’il lui avait donné quelques minutes auparavant. Elle ne pu que sentir qu’elle se vidait, que tout son corps donnait à cet aspirateur
infernal l’intérieur de ses fondements.
Au même moment, l’étranger de devant vibra et elle ne pu retenir sa vessie. Honteuse, elle pleurait dans son masque alors qu’elle urinait sans
contrôle sur elle.
Elle sentit que la poche adossée à sa cuisse se réchauffait et grossissait peu à peu.
Inerte, elle se vidait de partout.
Et le vrombissement s’arreta.
-« Voila. C’est bien! Calme-toi et tu verras que ça ira. Ne panique pas, des éléments nutritifs t’on été donnés il ya quelques heures. Sois
sage et tout se passera bien.
Frère Jérôme ? Tout est bon ? »
-« Oui, frère Mickael. Nous pouvons y aller. »
-« Bien ! A tout à l’heure Numéro 25.
Ah frère Jérôme ? Au fait ? Vous avez vu la nouvelle application Iphone que j’ai installé ? »
Ils s’éloignèrent laissant la captive seule avec ses tuyaux.
Elle paniquait, ne comprenait rien, se demandait pourquoi, si on allait la rechercher quand le vrombissement reprit, déversant le liquide visqueux
dans sa bouche.
Elle hurla.
A suivre...